Politique
Retour24 mai 2023
Michel Ducas - mducas@medialo.ca
Propos sur l’itinérance : Pierre Dufour pris à partie
L’APNQL appelle même à la démission du député d’Abitibi-Est
©Gracieuseté Ville de Montréal - Le Citoyen Val d'Or - Amos
Le Chef de l’Assemblée des Premières-Nations Québec-Labrador, Ghislain Picard (à gauche), réclame la démission du député caquiste Pierre Dufour, et exhorte le premier ministre François Legault à sortir de son mutisme.
Plusieurs intervenants dans le dossier de l’itinérance chez les Autochtones n’ont pas digéré la récente intervention du député caquiste d’Abitibi-Est, Pierre Dufour, lors de la séance du Conseil municipal de Val-d’Or.
Le Regroupement des Centres d’amitié autochtone du Québec reproche à Pierre Dufour d’avoir failli à son devoir de député. «Sa fonction de député lui confère une influence sur les citoyennes et les citoyens; son discours, au lieu de contribuer à solutionner une problématique sociétale majeure, vient nuire à la paix sociale, aux initiatives de réconciliation entre les peuples et aux efforts de collaboration entre les organismes et les institutions autochtones et non autochtones œuvrant sur le terrain», peut-on lire dans un communiqué envoyé aux médias mardi (23 mai).
La directrice générale du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or, Édith Cloutier, constate, à la lumière des propos du député, que la lutte contre l’itinérance chez les Autochtones est loin d’être terminée. «Beaucoup de travail a été effectué ces dernières années pour enrayer le phénomène, rappelle Mme Cloutier. La plupart de ces efforts (Le poste de police mixte, le Château de Marie-Ève, etc.), ont donné des résultats positifs. Mais il y a encore du travail à faire.»
Édith Cloutier dit comprendre l’inquiétude des résidents de Val-d’Or face à ce qui se passe au centre-ville. «On a un petit centre-ville, précise-t-elle. La cohabitation entre les itinérants et les commerçants n’est pas toujours facile, la présence des itinérants peut être gênante pour les commerçants, mais il faudra du temps et des efforts pour remédier à la situation.»
L’APNQL réclame la démission de Pierre Dufour
L’Assemblée des Premières-Nations Québec Labrador (APNQL), qualifie pour sa part de «méprisants et indignes» les propos tenus le 15 mai dernier par le député caquiste, qui a notamment critiqué les conclusions de la Commission Viens. «Par de telles déclarations dégradantes, le député Dufour lance le message que les personnes qui osent dénoncer la violence ne méritent pas d’être crues, que les journalistes n’ont pas de rigueur et que les experts comme le Juge Viens bâclent leur travail. Bref, tout le monde a tort, sauf Pierre Dufour. En vérité, le seul geste honorable qu’il pourrait poser est de remettre sa démission pour laisser la place à un leader digne et bienveillant qui trouve des solutions plutôt que de provoquer le chaos. Actuellement, personne n’est sorti gagnant de la salle du conseil municipal», a déclaré le chef de l’APNQL, Ghislain Picard, dans un communiqué. Du même souffle, M. Picard dit appuyer la Ville de Val-d’Or, qui demande l’aide de Québec pour faire face aux enjeux de l’itinérance et de la délinquance dans son centre-ville.
François Legault «étrangement muet», selon Lucien Wabanonik
Le nouveau chef de Lac-Simon, Lucien Wabanonik, s’interroge pour sa part sur le mutisme du premier ministre François Legault face aux agissements de son député. «Qui ne dit mot consent? La question se pose puisque le gouvernement caquiste est étrangement resté muet sur les propos offensants de son député. La gravité des propos et le contexte qui les sous-tendent justifient amplement une intervention forte du premier ministre Legault pour corriger ce coup bas qui nuit aux relations de gouvernement à gouvernement et qui rétrograde les efforts de réconciliation avec les peuples autochtones»,
L’opposition libérale, elle, n’est pas prête à réclamer la démission de Pierre Dufour, mais elle l’appelle à un sérieux examen de conscience. En point de presse, le chef intérimaire, Marc Tanguay, a réitéré sa position quant aux propos du député d’Abitibi-Est. «Le fait de contester les conclusions de la Commission Viens, c’est inacceptable, a dit M. Tanguay en anglais. Il a présenté ses regrets, mais les gens s’interrogent aujourd’hui sur la sincérité de ces regrets. Je n’irai pas jusqu’à demander sa démission, mais c’est une question qu’il devrait se poser à lui-même.»
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